Le rôle des associations étudiantes, leur légitimité d’être un vecteur pour la GGI?

Depuis que je suis à l’université, j’ai vraiment commencé à m’engager via les associations étudiantes et avec le MÉSRQ. Personnellement au CÉGEP, j’étais loin de me douter de tous ces combats étudiants qui existaient, plus par ma non-implication et par une attitude de « je m’en foutisse ». Chose aujourd’hui révolue, je m’implique avec joie dans les causes qui méritent d’être défendues. Mais revenons aux associations étudiantes, ce qui ma le plus frapper lors de ma rentrée universitaire était l’omniprésence de la polarisation politique de l’association. Partout, j’étais bombardé par la propagande de l’ASSÉ, ou par les politiques quasi nord-coréennes de mon association envers les opinions contraires aux leurs. Le rôle de l’association étudiante n’est pas justement de représenter la diversité d’opinion qui se retrouve au sein de la communauté étudiante? De travailler à faire venir des acteurs importants des différents programmes afin de promouvoir un apprentissage autre qu’académique via les expériences professionnelles d’un conférencier qui permettent de confronter et de mettre en perspective la théorie vue en cours. Même que via des conférences ou des vins et fromages, ou tout autre principe similaire, l’étudiant est amené à élargir son réseau de contacts, contact qui lui servira plus tard dans sa vie future. C’est ma vision d’une association étudiante, qui travaille pour les étudiants.

Dans ma faculté j’assiste plutôt à l’envahissement de l’ASSÉ et de cette pression de me convertir à cette opinion. Depuis le début de la session d’automne passé, on peut voir placarder partout les documents que l’ASSÉ envoie à notre faculté. Bien entendu, les voies de ceux qui croient qu’une hausse est nécessaire, ou même, qui sont seulement opposés à la grève ne sont pas mises de l’avant par notre chère association. On peut alors se demander si c’est la faculté qui est alors polarisée ou seulement l’exécutif. Le vote de grève de la dernière session me fait alors pencher pour la seconde hypothèse. Malgré le fait que le vote ne portait que sur une seule journée de grève, les résultats étaient déjà frappants sur le déchirement des étudiants vis-à-vis la question. De mémoire, c’était 126 pour, 115 contres et 5 abstentions. Regroupant donc environ 246 personnes, pour prendre une décision qui touche plus de 2000 étudiants, est-ce légitime? Bien entendu, ils ont entrepris de bloquer les portes pour cette journée de « grève étudiante ». Sur ce concept, je ne suis pas vraiment d’accord. Pour parler de grève, il faut parler de revendications faites par des salariés à leur employeur. Je crois plutôt que l’éducation est un service gouvernemental et l’étudiant paie pour ce service. Logiquement, c’est juste stupide de manifester contre le prix d’un service. Comme si j’allais manifester contre le prix du steak haché à l’épicerie et que j’empêchais aussi les autres consommateurs d’en acheter, ou dans notre cas, d’utiliser le service pour lequel il paie. Où est la légitimité d’un étudiant qui bloque l’accès à un autre étudiant? Réponse claire et simple : nulle part. De l’autre côté, si ces étudiants-là choisissent de manifester contre cette hausse, ils ont légitimement le droit de le faire, ça fait parti de la « game » de la démocratie. Par contre, en aucun cas ils n’ont le droit de contraindre quelqu’un à adhérer à cette opinion. En bloquant l’accès aux cours, cela revient à dire : « voyer, personne n’est à ce cours, les étudiants sont donc en accord avec cette grève ». En partant manifester, vous faites un choix, celui de ne pas aller à vos cours. Sur la fameuse journée de grève qui a eu lieu le 10 novembre dernier, environ 150 personnes, venant de ma faculté, se sont déplacées pour manifester leur désaccord face à la hausse. C’est donc dire qu’environ 2000 personnes auraient été privées de leurs cours, par contre, la faculté a tout de même exigé que les cours se donnent. Il est donc clair que le droit de manifester est légitime, mais qu’entraîner avec soi des milliers d’étudiants, pour qu’une poignée puisse manifester et ne pas rater de cours, c’est demander le beurre et l’argent du beurre.

Simon Soulières,
Étudiant en politique appliquée, Université de Sherbrooke

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