Bonjour,
Je me présente : Gabrielle Brisebois, étudiante en littérature à l’Université Laval et citoyenne engagée. Vous ne me connaissez sans doute pas, car je fais partie du groupe des étudiants dont on ne parle pas vraiment dans les médias, celui qui est pour la hausse des frais de scolarités, ou du moins, particulièrement contre la grève. Je parlerai de moi dans cette lettre pour ne pas offenser qui que ce soit ou me faire accuser de généralisation, mais sentez-vous bien aise d’utiliser mes propos envers d’autres également, car je ne suis pas la seule, et loin de là. Pourquoi n’entendez-vous pas parler de moi? Simplement parce que je travaille sérieusement à l’accomplissement de mes études que je désire terminer selon les temps convenus pour ensuite pouvoir trouver un emploi convenable, simplement parce que je travaille à temps partiel pour payer mes études et mon logement. Bien sûr, je travaille fort et je fais des efforts, mes fins de sessions sont fatigantes, comme celles de tous les étudiants, mais j’y arrive, et très bien je crois. Vous n’entendez pas parler de moi parce que je préfère garder mon énergie pour me bâtir un avenir prometteur, qui passe par une éducation de qualité.
Je suis pour la hausse des frais de scolarité, car je crois que les études sont un privilège : il faut travailler fort pour avoir un diplôme et même s’il nous coûte cher, l’emploi privilégié que nous occuperons nous le rendra et bien au-delà. Je suis pour la hausse parce que je crois que nous sommes également citoyens et pas seulement étudiants; nous ne devons pas être un poids pour notre société, car de toute façon, nous traînerons plus tard notre propre boulet si nous ne réglons pas la note tout de suite. Je suis pour la hausse parce qu’elle épurera peut-être l’université de ceux qui y vont sans but précis, parce qu’ils aiment ça, et qui grugent nos prêts et bourses pendant plusieurs bacs. et certificats. Oui, l’université c’est un lieu de savoir, mais c’est d’abord un lieu visant à former les professionnels de demain, c’est pour ça que le gouvernement la finance et finance ses utilisateurs, non?
Je pourrais vous donner plusieurs autres raisons, mais là n’est pas la question. Je vous écris d’abord et avant tout pour vous inviter à voir que tous les étudiants ne sont pas du même avis. Le temps que j’ai pris pour vous écrire sera le seul que j’aurai à consacrer à la question, mais au moins, vous saurez que j’existe, moi, l’étudiante moyenne qui paie elle-même pour sa scolarisation, mais qui croit, en tant que citoyenne, que la hausse des frais de scolarité est tout à fait justifiée. Je ne suis pas gênée par mes convictions et vous savez qui je suis à présent. J’espère que j’ai réussi à semer un germe dans votre esprit, qui vous permettra de faire la part des choses lorsqu’on vous montrera les manifestations des grévistes à la télévision dans les prochaines semaines (car tout laisse croire qu’il y en aura); un germe qui fera éclore l’idée que pendant qu’ils scandent leurs slogans, je serai probablement à la bibliothèque en train d’étudier et d’espérer que la grève ne gâchera pas ma session, car je tiens à mon éducation.
Je sais faire la part des choses et je ne suis pas extrémiste, certains arguments contre la hausse sont défendables en toute justice et honnêteté, mais il faut se projeter dans l’avenir et tenter de contribuer activement, en tant que jeune citoyen, au Québec de demain. Lorsque je serai professeure (car c’est l’emploi que je convoite) j’espère pouvoir enseigner la littérature, mais également l’importance de voir au-delà du prix immédiat, mais plutôt d’observer le bénéfice à venir (ou avenir ?). Fondamentalement, c’est ce que nous désirons tous : une meilleure éducation pour l’avenir, non?
Gabrielle Brisebois