Maintenant, parlons du plus profond de la responsabilité. Il est passablement rare de décider de s’inscrire à l’université sur un coup de tête. ON SE PRÉPARE à y aller. La plupart du temps, dès le secondaire, nous pouvons déjà prévoir dans quel diplôme (DEP, DEC, Bacc) un élève ira. Le métier que nous ferons est une toute autre chose, mais en sortant du secondaire, nous savons si nous allons au cégep et si oui, quel programme que nous allons choisir. Ce cours déterminera en grande partie l’orientation que nous allons prendre pour le futur. Un cours en sciences pures ou en sciences humaines = université. Il me semble que l’équation est assez claire. Il n’y a pas d’excuses de ne pas avoir prévu le coup. Oui bien sûr, il y a des exceptions, des gens dans la vingtaine plus avancée qui, sans avoir fait de cégep, peuvent décider d’aller à l’université dans un programme quelconque qui tient compte de l’expérience de vie professionnel. Certaines personnes sont des champions pour nous montrer les exceptions, mais le mot le dit, exception, c’est donc un fait plus rare. En société et en politique, nous devons tenir compte de la grande majorité.
Prenons maintenant l’exemple d’un élève de 17 ans doué à l’école qui désire faire son cégep dans un cours pré-universitaire et nous sommes en juin. Si notre élève n’aura pas d’aide de ses parents pour xyz raisons, il lui reste potentiellement trois étés à économiser pour l’université, si ce n’est pas quatre. Au lieu de dépenser son argent dans des choses futiles, il pourrait mettre de l’argent de côté en vue de ses études futures. De plus, si VRAIMENT il n’a pas de moyens, il peut même retarder son cours universitaire d’une année ou deux. Voyez-vous, terminer son baccalauréat à 24-25 ans au lieu de 22 ans n’est pas dramatique. 25 ans est encore jeune. Pourquoi nous avons trop de jeunes qui arrivent à 20 ans et réalisent, sans s’être responsabilisés plus tôt, que l’université coûte cher? Si vraiment l’éducation est sa priorité et que l’accessibilité est mise en cause, il faut prendre les décisions en conséquence.
Nous ne pouvons passer sous le silence l’apport des parents. Le salaire des parents est une variable que nous ne pouvons nier du fait qu’il implique beaucoup de choses. Un bon salaire de parents peut permettre à un étudiant d’avoir ses études payées en totalité. Mais un étudiant avec des parents riches n’aura probablement pas accès à une bourse ou un prêt et ceci est d’une grande importance si les parents ne veulent pas investir pour leur enfant. Un étudiant avec parents de la classe moyenne peut voir deux choses survenir : pas de prêt ni de bourse, même en ayant des parents pas très aisés ou un prêt minime qui ne lui permet pas de bien vivre. Du côté d’un étudiant avec famille pauvre, bourses et prêts sont disponibles, mais l’étudiant doit régulièrement tout financer lui-même.
Tout ceci est très beau en théorie, mais en pratique, il y a une responsabilité et des choix éclairés qui ne doivent pas être négligés. Prenons le cas de l’étudiant avec parents aisés qui ne veulent pas aider leur enfant. Ce dossier-là se doit d’être poursuivi plus loin que le simple fait que l’étudiant se doit de tout débourser lui-même. Pourquoi des parents aisés ne veulent pas aider leur enfant? L’éducation n’est donc pas une priorité, pourquoi? Pourquoi espérer sa part au gouvernement, alors que SES PROPRES PARENTS ne le font même pas? Selon moi, des parents AISÉS se doivent presque impérativement d’aider ses enfants. S’ils ont la moindre considération pour leur enfant, ils en auront pour son avenir et donc, pour ses études. Sinon, OÙ SONT LEURS PRIORITÉS?
En ce qui a trait à la classe moyenne qui ne peut pas aider un peu ou en totalité son enfant, car budget serré, il faut se référer au paragraphe portant sur la préparation aux études. Une classe moyenne signifie en mesure de se payer la base, mais pas nécessairement le gros luxe. Avant d’accuser le gouvernement, il faut pointer du doigt les priorités des parents. En tant que futur étudiant, nous sommes en droit de demander aux parents : si vous n’avez pas les moyens, quelles dépenses peuvent être diminuées pour m’aider? Ou bien, dans le cas d’aucune aide de ses parents, faute de moyen, il faut réfléchir à quelles mauvaises décisions avez-vous pris, me privant d’aide pour mes études? Une famille de classe moyenne qui s’est achetée une maison sans avoir les moyens de se la procurer, ou qui s’est achetée une voiture un peu trop dispendieuse pour son salaire annuel est à blâmer. La question encore est : OÙ SONT VOS PRIORITÉS?
L’autre chose très importante à se poser comme question est encore une fois : est-ce que les études de vos enfants sont prioritaires? Car nous avons un moyen de financer les études de nos enfants en prévoyant le coût. Connaissez-vous les REEE (Régime enregistré d’épargne-études)? Il est possible de mettre de l’argent petit à petit dans l’éducation de ses enfants sans s’endetter. Je ne veux surtout pas entendre de gens me dire que leurs parents n’avaient pas les moyens. Chacun peut donner selon ses propres moyens. Ce qui fait la différence dans cette adhésion, c’est ceci : est-ce que les études de mes enfants sont une priorité de manière à ce que je prévois d’avance son futur coût? Bien sûr, les familles pauvres ne pourront pas mettre une fortune dans un REEE, mais une petite contribution diminue le coût. J’ai une tante qui a pris un REEE pour ses deux filles. Chacune a 35 000$ pour ses études. Demandez-moi si elles manifestent en ce moment? Ma tante a certes un bon salaire, ce n’est pas donner à tout le monde d’avoir 35 000$ de côté pour chaque enfant, mais si le parent avait seulement 5 000$ d’économisés pour ses enfants, ce sera loin d’être négligeable! Ma tante a certes un bon salaire, mais elle n’a pas 7 fois le salaire de toute la majorité des familles québécoises. Ce qui change la donne? Sa priorité : l’éducation de ses enfants! Chose que les associations étudiantes nous disent souvent : la priorité de l’avenir, c’est les études universitaires! Je ne dirai surtout pas non à ce postulat, mais j’aimerais avoir des preuves plus tangibles que des manifestations.
Concernant les familles pauvres, ce n’est pas le revenu qui fait foi de tout dans un REEE. C’est plutôt, encore une fois, de la valorisation des études. On ne se contera pas d’histoires, les familles aisées vont davantage encourager les études, de même que les parents qui en ont eux-mêmes fait jusqu’à un haut niveau. Jurez-moi que les frais de scolarité sont les seules variables qui expliquent le choix d’aller à l’université! Quand même que nous rendrons les frais de scolarité gratuits, quand même le gouvernement NOUS PAYAIT pour aller à l’université, il y aura toujours des gens qui n’y iront pas pour toutes sortes de raisons. Leur métier de rêve ne va pas à l’université, ils ont de la difficulté à l’école et/ou n’aiment pas ça et SURTOUT, leurs parents ne leur ont JAMAIS poussé à étudier. Qu’on le veuille ou non, cette variable est excessivement importante. Allez voir n’importe quel enseignant de primaire qui a un ou des élèves avec beaucoup de difficultés à l’école, qui dérange les autres, est irrespectueux envers les autres et il vous dira que ses parents ne sont pas cadeaux! Donc, l’argument de l’accessibilité à tous est très beau en théorie, mais la réalité et la grande majorité des cas, les familles pauvres qui ne valorisent pas les études ne produiront pas beaucoup d’étudiants universitaires. Pour les rares exceptions, ces jeunes devront préparer leur venue à l’université, tel que mentionné plus tôt. Le critère d’embauche d’un emploi d’été n’est pas le salaire de ses parents, il y a possibilité de travailler pour tout le monde.
Vous voyez, pour une hausse, contre la hausse, pour la grève, contre la grève, tout ça est un débat inutile et ne touche pas le problème de façon spécifique. La variable que nous avons le plus en contrôle n’est pas les décisions du gouvernement, mais bien nous. Nos choix, nos responsabilités, notre avenir. Il est donc en notre devoir de préparer notre avenir par nos propres moyens et de faire des choix éclairés pour que nos priorités et nos rêves s’accomplissent, sans vouloir lancer la faute à n’importe qui d’autre.
Antoine Bernier